Effets antibactériens de la gelée royale sur le staphylocoque doré
Parmi les effets de la gelée royale, on trouve dans la bibliographie des études sur ses propriétés bactéricides. Au concours AGRO-VETO 2017, deux jeunes étudiants, Léa Florsheimer et Guilhem Huau, ont mis en place une expérimentation pour tenter de mesurer les effets de la gelée royale sur le staphylocoque doré dans le cadre leur TIPE.

Qualité de la gelée royale : effets et propriétés attendus d’après sa composition et son rôle chez les abeilles

On évalue la qualité d’une gelée royale à sa composition et à ses propriétés : les critères de qualité peuvent varier en fonction de l’utilisation faite de la gelée et de l’organisme avec lequel travaillent les apiculteurs. La gelée royale est naturellement secrétée par les glandes céphaliques des abeilles nourrices en vue d’élever de futures reines qui sont les seules à pondre et donc à l’origine du génome unique de la ruche.

Elle est composée

  • d’eau (~60%),
  • de glucides (~15%),
  • de protides (~13%)
  • de lipides (~7%).

Les propriétés de la gelée royale

Pour l’abeille, la gelée royale revêt de nombreuses propriétés, dont

  • un accroissement de la longévité pour les reines nourries exclusivement à la gelée royale
  • une augmentation de leur taille adulte.
    On évoque également une action
  • antibactérienne,
  • antifongique
  • et antioxydante,
  • ainsi que de nombreuses autres vertus qui en font un produit de choix pour l’apithérapie bien que les études pharmacodynamiques et les essais cliniques soient encore peu nombreux.

Il serait donc intéressant de comparer les qualités associées à chaque lignée génétique pour que les apiculteurs puissent sélectionner, voire même croiser, les souches assurant un compromis entre quantité et qualité. L’idéal serait d’arriver à réaliser une étude beaucoup plus courte et restreinte que sur une saison de récolte, et de chercher d’autres moyens d’estimer la qualité de la gelée royale.

Comment étudier les propriétés, notamment antibactérienne et de facteur de croissance, de gelées d’origines génétiques différentes ?

Effet bactériostatique de deux gelées royales sur Staphylococcus aureus : détermination de la CMI en milieu solide.

On prête à la gelée royale un pouvoir antibactérien qui peut être gage de qualité et qui est encore rarement l’objet d’études et d’essais cliniques.

Dans un premier temps il s’agit de confirmer l’effet bactériostatique de la gelée royale. Bien que l’intérêt majeur soit de comparer les résultats obtenus pour différentes gelées car, dans une optique de recherche d’optimalité, établir des niveaux de qualité pour sélectionner une gelée est nécessaire.
Il nous faut donc mettre en place un protocole permettant de classer différentes gelées selon leur pouvoir antibactérien sur une même souche bactérienne.
Il s’avère que l’on conseille la prise de gelée royale pour prévenir certaines affections rhinopharyngiennes ; notre choix s’est donc porté sur Staphylococcus Aureus (gram +, souches non pathogènes) qui intervient dans ce genre d’affections et est couramment utilisé en laboratoire. Comme nous avons choisi d’utiliser la gelée « brute », non filtrée (présence de cire) et donc peu hydrosoluble, il nous faut travailler en milieu solide. Nous avons donc mis en place la méthode de l’antibiogramme, utilisée pour tester l’efficacité d’antibiotiques (on assimile ici la gelée royale à un antibiotique) en déterminant la CMI (plus petite concentration d’antibiotique qui inhibe tout développement d’une culture visible d’une souche bactérienne) pour chaque gelée étudiée. Par manque de matière première notre comparaison se limite à deux gelées : celles issues des lignées 5 et 22, génétiquement éloignées.

Recherche de l’efficacité antibactérienne de la gelée royale : protocole de l’étude

On prépare un milieu nutritif gélosé (ici Müller Hinton, le plus couramment utilisé pour les antibiogrammes standards) que l’on mélange avec différentes quantités de gelée royale. On obtient ainsi des géloses plus ou moins concentrées en gelée sur lesquelles on dépose une même quantité d’inoculum bactérien (suspension bactérienne dans de l’eau distillée). Après 24 heures d’incubation dans des étuves à 37°C on détermine la CMI en observant le développement bactérien visible sur chaque gélose. Cette valeur permet d’avoir une idée de la résistance de la souche et donc de l’efficacité antibactérienne des gelées sur la souche d’étude.
Les concentrations massiques de gelée royale que nous avons utilisées sont : 0(témoin), 1.25 , 2.5 , 5 et 10 %, à raison de 10 boîtes de pétri par concentration .

Les résultats confirment le rôle bactériostatique de la gelée royale

Gelée (n° de la lignée)CMI
55 %
225 %
  • La gelée royale a bien un pouvoir antibactérien : les gelées étudiées ont un effet bactériostatique au-dessous de 5 %, avec une absence totale de développement visible dès 5%.
  • Aucune différence de qualité n’apparaît pour les deux gelées étudiées et pour l’échelle de concentrations choisie.

Analyse des résultats obtenus et discussion

  • Les concentrations de gelées royales choisies sont peu nombreuses et limitent la comparaison, en effet les deux gelées d’études pourraient présenter des différences visibles pour des concentrations intermédiaires entre 2,5 et 5 %. Il aurait donc été intéressant d’élargir la gamme de concentration pour plus de précision.
  • De plus, comparer uniquement deux gelées est peu intéressant dans une optique de sélection car le choix est très réduit et la gamme de qualité très restreinte voire inexistante dans le cas présent.
  • Cependant, avec une plus grande quantité de gelée à disposition, l’expérience mise en place semble approprié et pertinente : elle permet d’obtenir en peu de temps des résultats quantitatifs permettant de comparer des gelées avec une gamme de concentrations choisie.
    De plus les résultats peuvent être affinés en renouvellent l’expérience avec d’autres concentrations et il suffit d’adapter le milieu nutritif gélosé à la souche bactérienne choisie.
  • Ce type d’expérience pouvant être mis en place à moindre coût et requérant peu de connaissances poussées en microbiologie on peut alors proposer aux apiculteurs ce test pour vérifier la qualité de leur gelée.

L’étude de l’action de la gelée royale sur le développement bactérien implique une détermination de molécules actives qui ont pu être isolées par ultra-centrifugation. Ces méthodes d’études moléculaire ne nous sont pas accessibles mais plusieurs études ont repéré la royalisine, l’acide 10-hydroxydécénoïques (10-HDA), les jelleines et les MRJP (Major Royal Jelly Proteins) comme étant des molécules bio-actives pouvant agir contre le développement bactérien (principalement des gram +).
Il se pourrait que le 10-HDA joue un rôle dans la destruction des parois bactériennes bien que nous n’ayons pas trouvé de publications suffisamment explicites à ce propos pour en être certains.

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